Antoine de Girard Saint-Amant

La Nuit - Extract

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La Nuit - Extract

The Night - Extract Peaceful and solitary Night, Without Moon and without Stars, Contains the Day that harms me In your darkest veils; Hasten your steps, Goddess hear me, I like a brunette like you. . . . Ha! the day is over, I have to get ready; The Star of Venus has risen Conducive to my request; So good that he seems by showing himself so beautiful Wanting to serve as a torch. The craftsman tired of working, Leave his work behind; His wife who sees him yawn Laughs in his courage, And the watcher prepares to receive The fruits of nuptial duty. Cats almost mad with love, Rumble in the gutters; Werewolves fleeing the day Howl at the Cemeteries: And the Children are numb to be all alone, Cover their heads with shrouds. The Tinkerbell of the Dead Ringing from street to street, Their hearts are frozen with fear, Although their body sweats; And a thousand Dogs hearing his sad voice Answer him at length. These tones combined together, Make funeral arrangements, Whose accents are widespread In the horror of darkness May Silence abandon this noise Who terrifies him and destroys him. . . . All these winds that were blowing so hard Hold their breath, It no longer rains, the lightning sleeps, We only see the fountains, And the sweet sound of some charming lutes Who speak instead of Lovers. I cannot be discovered, Night is too faithful to me; Let's enter, I feel the door ajar, I see the candle; Gods ! What's this ? I tremble with every step, As if I was going to die. O you! whose eye is my conqueror, Sylvie, hey! what do you think? A man who has no heart Shouldn't he be trembling? I don't have one, do you have mine? Won't you give me yours? Paisible et solitaire Nuit, Sans Lune et sans Étoiles, Renferme le Jour qui me nuit Dans tes plus sombres voiles ; Hâte tes pas, Déesse exauce-moi, J'aime une Brune comme toi. . . . Ha ! voilà le jour achevé, Il faut que je m'apprête ; L'Astre de Vénus est levé Propice à ma requête ; Si bien qu'il semble en se montrant si beau Me vouloir servir de flambeau. L'artisan las de travailler, Délaisse son ouvrage ; Sa femme qui le voit bâiller En rit en son courage, Et l'oeilladant s'apprête à recevoir Les fruits du nuptial devoir. Les Chats presque enragés d'amour, Grondent dans les gouttières ; Les loups-garous fuyant le jour Hurlent aux Cimetières : Et les Enfants transis d'être tout seuls, Couvrent leurs têtes de linceuls. Le Clochetteur des trépassés Sonnant de rue en rue, De frayeur rend leurs coeurs glacés, Bien que leur corps en sue ; Et mille Chiens oyant sa triste voix Lui répondent à longs abois. Ces tons ensemble confondus, Font des accords funèbres, Dont les accents sont épandus En l'horreur des ténèbres Que le Silence abandonne à ce bruit Qui l'épouvante, et le détruit. . . . Tous ces vents qui soufflaient si fort Retiennent leurs haleines, Il ne pleut plus, la foudre dort, On n'oit que les fontaines, Et le doux son de quelques luths charmants Qui parlent au lieu des Amants. Je ne puis être découvert, La Nuit m'est trop fidèle ; Entrons, je sens l'huis entrouvert, J'aperçois la chandelle ; Dieux ! qu'est ceci ? je tremble à chaque pas, Comme si j'allais au trépas. Ô toi ! dont l'oeil est mon vainqueur, Sylvie, eh ! que t'en semble ? Un homme qui n'a point de coeur Ne faut-il pas qu'il tremble ? Je n'en ai point, tu possèdes le mien ? Me veux-tu pas donner le tien ?